Histoire d'un grain (2/3)

Elle remercia la secrétaire, celle qui avait une coupe à la garçonne, et se dirigea vers la sortie. Vers ce qu'elle croyait être la sortie. A la hâte, elle s'était dirigée vers la partie renfoncée de la pièce qui présentait trois portes. Elle fut surprise quand elle s'aperçut que la plus grande des portes était verrouillée ; alors persuadée qu'elle était entrée par ce même passage, elle ressentit une vive panique qui la prit dans la poitrine. Sans réfléchir, elle clencha alors une autre porte : elle y surprit un homme au corps flasque, couché sur une table médical. Cette image lui sauta à la figure. Elle éprouva une profonde gêne. Le médecin avait tourné la tête et répondu très professionnellement à cette interruption impertinente. La jeune fille s'excusa en refermant la porte d'un geste bref. Elle avait honte maintenant. Elle repéra enfin la bonne porte de sortie et s'engouffra dans la petite ruelle qui la ramenait chez elle.

Que lui avait-il pris d'ouvrir cette porte qui ne ressemblait pas du tout à une porte d'entrée ? Pourquoi n'avait-elle pas été capable de retrouver le simple chemin de la sortie ? Avait-elle été prise de claustrophobie en essayant toutes les clenches qu'elle avait à porter de main ? Elle se sentait  stupide. Elle repensa longtemps à cette scène mais n'en avait finalement qu'un faible souvenir. Elle n'avait qu'entraperçut ce qui se déroulait dans le cabinet. Cela n'avait pas dû bien durer plus de deux petites secondes. Ses yeux n'avaient pas cherchés à graver l'image dans sa mémoire. Elle se rappelait mieux l'émotion qui l'avait transpercée. Le malaise qu'il l'avait saisi pendant tout le chemin du retour. Comme un enfant qui avait fait une bêtise, elle s'était sentie prise la main dans le sac et s'était enfuie comme une voleuse.