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Les journées folles d'une fille ordinaire
Les journées folles d'une fille ordinaire
Les journées folles d'une fille ordinaire
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28 octobre 2014

Mes petits voisins

Quand on recherche un appartement, le vis-à-vis peut être un critère important. Certaines ne sont absolument pas dérangées de se balader seins nus dans leur cuisine : je ne peux pas les blâmer, j'aime me promener chez moi en petite tenue, remuer mon popotin à moitié à poil sur de la musique rythmée. Mais je le fais les volets fermés. D'autres pas. Ce genre de situation peut être gênant autant pour l'observateur que pour l'observé.

En ce qui me concerne, j'aime beaucoup épier mes voisins : pas par perversion mais pour me faire une idée de leur vie, de leurs petites habitudes.

Juste en face de mon appartement, au même niveau, réside un couple de vieillards. La femme aime contempler l'agitation urbaine par sa fenêtre. Elle n'y reste pas des heures non plus. Parfois elle prend l'air sur son balcon pour avoir une meilleure vue. Je pense qu'elle aussi me voit bien derrière ses carreaux ; un jour, alors que j'étais penchée sur mon imprimante qui ne fonctionnait pas, j'ai tourné la tête, je me suis retrouvé le nez à 20cm de ma fenêtre et que vois-je de l'autre côté de la rue : ma petite voisine qui me fait des coucous. Amusée de ce salut inattendu, je lui ai répondu par un grand sourire et un petit signe de tête, un peu décontenancée quand même.

J'aime bien la voir finir son potage dans sa cuisine, debout devant l'évier, elle porte son assiette à ses lèvres et la penche à la verticale pour ne pas en perdre une goutte.

L'autre jour, je l'ai aperçue guetter un groupe de filles un peu bruyantes en dessous de son balcon. Tout d'un coup, elle s'est mise à hurler sur ces adolescentes turbulentes. Je n'ai pas pu entendre, pour mon plus grand désarroi. Mais son coup de gueule a fait effet, elles ont déguerpi.

Au dessus de ce petit couple pantouflard vivent une ribambelle d'adolescents, d'origine algérienne si je me fie au drapeau qu'ils ont une fois brandi par la fenêtre. Je ne vois jamais leurs parents, ce qui m'intrigue, mais il y en a un qui a l'air plus âgé dans la fratrie, il doit surement veiller sur tout le monde. Ils vont au lycée je pense, je les vois debout le matin de bonne heure, renter vers 17-18h, et faire la grasse mat' pendant les vacances. Ils installent quotidiennement leur collection de baskets sur le rebord des fenêtres, certaines pairs menacent de s'écrouler sur le balcon des petits vieux d'en dessous.

De l'autre côté, beaucoup d'appartements sont vides, sauf un en contre-haut avec un balcon aux grandes baies vitrées : une aubaine pour une curieuse comme moi. Et mieux, au premier abord, il semblerait que ce soit un jeune célibataire qui vient d'emménager, tout comme moi.

Je n'aime pas trop ses tenues de travail je dois avouer : costumes avec chemises de couleur du plus mauvais goût. Mais il a une certaine élégance, il est grand et bien bâti : il se promène souvent torse nu sur son balcon, ça m'émoustille un peu. Il est blond-roux, porte des lunettes, ça lui va bien.

Je passe beaucoup de temps dans la cuisine pour profiter au maximum de la vue. Parfois le soir on mange ensemble : à la même heure on se retrouve attablés, je m’assois délibérément dans sa direction. Peut-être qu'il m'a repérée, que lui aussi va me faire des coucous. Ça m'amuse de le voir dîner seul comme moi, j'ai envie de lui faire signe « hé, viens me rejoindre, on mangera tous les deux ce sera plus sympa. Et on apprendra à se connaître. On s'embrassera. On deviendra amants. Tu te révéleras être un mec génial. Bla bla bla ».

Je l'observe pendant pas mal de jours, ses apparitions me mettent de bonne humeur. Puis soudain, c'est la désillusion, le retour à la réalité : en fait il emménage avec sa copine. Elle est venue s'installer un peu plus tard on dirait. Je le vois beaucoup moins sur son balcon torse nu se promener. A la place, je la vois elle étendre du linge. Et voilà. Je ne peux plus rêver et fantasmer sur mon jeune voisin. Le pire, c'est que quelques semaines après je m'aperçois qu'elle est enceinte. Ils vont être parents. C'est beau. Je n'ai plus qu'à me réjouir pour eux. Avec la vue que j'ai, je me dis que je vais faire partie de leur aventure, le marmot va naître dans l'année. Je les ai vus s'installer dans leur nouveau chez eux, je les vois se préparer à la naissance de leur premier enfant, je vais les voir bientôt assumer leur rôle de parents. C'est bien aussi comme ça.

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Commentaires
T
La Vie mode d'emploi ! <br /> <br /> Manquent les puzzles (encore que…)
A
C'est toujours très étrange d'entrer ainsi dans la vie des gens sans qu'il le sache. En plus, souvent, j'imagine leur vie, je leur invente des histoires.<br /> <br /> J'en ai parlé également il y a quelques temps : http://arigondas.canalblog.com/archives/2009/11/18/15846649.html
3
la vie!
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