Torture psychologique

Je crois bien que je suis en pleine crise existentielle. Cette fois-ci, c’est de la crise pure et dure, une crise grave et profonde qui me ronge un peu plus chaque jour. Une de ces crises qui pourraient m’envoyer jusqu’au fin fond du Pérou travailler bénévolement dans une casa hogar. Exit le schéma études sup, emploi (précaire), mariage, enfants, (divorce) et (misérable) retraite. Comment puis-je exploiter les journées de ma vie au maximum ? Continuer à me mourir d’ennui sur les bancs de la fac et enchainer les CDD dans des boites déprimantes au personnel railleur ? Ma hantise serait de travailler dans le but ultime de gagner de l’argent. Seulement comment trouver le métier qui me permettra de m’épanouir ? Je ne vois dans les études qu’un long et sinueux chemin vers des professions stressantes et inutiles.

Parfois j’aimerais être un homme préhistorique, quand les priorités étaient simples et le monde était un peu (beaucoup) moins en bordel. J’aimerais vivre paisiblement, effectuer les tâches quotidiennes entourée de ma tribu, apprécier la beauté de la nature, écouter le mouvement reposant d’un ruisseau, chanter au coin du feu. C’est fou où l’humanité en est arrivée. Je compare souvent l’époque de la préhistoire avec le 21^ème siècle. Je m’étonne de toutes les découvertes de l’homme, des pensées qu’il a développé. Et moi, j’arrive sur cette planète qui ne va plus très bien et on me dit de trouver un « travail » pour me nourrir et accéder à la « norme de consommation », de me trouver un mari pour me reproduire afin d’augmenter le taux de fécondité de mon pays et être socialement dans la norme.

Parfois, j’imagine aussi que j’aurais pu naitre ailleurs. Etre une femme de Ciudad Juarez et avoir été sauvagement assassinée. Etre un enfant du Soudan et manger la poussière. Etre un homme indigène et mâcher des feuilles de coca.