Dans un café
Se rendre dans un café pour écrire, c'est un peu un fantasme. J'ai toujours rêvé d'entrer seule dans ce lieu, ordinateur sous le bras, de m'installer discrètement dans un coin, de me faire toute petite et d'observer ainsi les gens, les écouter surtout, camouflée derrière mon écran.
En ce samedi après-midi de décembre, me voilà donc lancée à réaliser ce fantasme. Comme j'aime beaucoup observer les passants, j'opte donc pour le café aux grandes baies vitrées qui donnent sur la rue piétonne. Évidemment, en plein samedi après-midi de décembre, c'est bondé. Plus aucune place près des baies vitrées. Je parcours des yeux la salle, je prends mon temps avant de choisir : il faut que je puisse me sentir bien et tranquille. Surtout pas épiée, surveillée, car c'est moi qui vais guetter. Manque de chance, seules les tables plantées au milieu sont libres. Mon écran ne sera pas à l'abri de regards curieux. Je finis par disposer mon matériel sur une table située près d'un poteau. Normalement, on pourra lire difficilement ce que j'écris. Par sécurité, je baisse la luminosité de mon écran et dézoome la page.
Je commence d'abord par appréhender l'ambiance qui règne dans la salle. C'est bruyant, les familles sont nombreuses, festivités de Noël débarquant en ville obligent. Un bébé pleure, des enfants crient. Derrière le bar, ça s'agite, ça s'affole, un vin chaud, trois cafés et deux chocolats, on n'a même pas remarqué mon entrée. Puis ça se calme. Les gens quittent les tables. Le temps que je retrace ma venue, il n'y a déjà presque plus personne que je pourrai écouter. Mais ça va, ça vient, je vais patienter un peu.
Car si j'ai rappliqué dans un café, c'est pour avoir de l'inspiration, je compte sur mes concitoyens pour me fournir de la matière !
Comme prévu, je ne me fais pas remarquer, les gens ne me regardent pas. Sauf les enfants qui repèrent immédiatement mon ordinateur et leur regard s'attarde alors sur moi. Une petite tête blonde vient même me dire bonjour. Ah, il y a quand même deux jeunes hommes qui s'installent en face de moi et qui me regardent un peu.
Finalement, je n'ai pas grand chose à me mettre sous la dent : les jeunes sont tous les deux penchés sur leurs smartphones, une mère avec ses deux enfants est aussi occupée sur son téléphone.
Le café s'est vraiment désempli, il faut dire que beaucoup de clients choisissent de s'installer dehors.
17h56. Bon, je me retrouve isolée et j'ai terminé mon thé. Il est temps de rentrer.