Infimes calamités

Depuis les vacances, chaque fois que je vais en ville il m'arrive un pépin. Enfin non, pas le genre tuile, mais plutôt « la tehon grave » comme l'aurait dit un ado pré pubère chébran.

A la veille de Noël, je ressors d'une parfumerie bondée par une foule embaumée de toutes ces effluves dont les flacons nous sont maintenant familiers (un bon matraquage de publicités aidant). Slalomant entre la cohue, je marche d'un pas décidé vers la sortie, fuyant cette foule qui m'agace. Me voilà soudain culbutée par les portes automatiques du magasin. Elles se sont refermées sur moi, heurtant de plein fouet mon corps fragile de jeune femme frêle. Je lâche un « aie, ça fait mal ! » d'un ton qui n'a pas fini de faire rire ma sœur. J'ai poursuivi mon chemin sur le trottoir, lui aussi comble de cette masse à l'affut des achats de noël.

Le lendemain, juste après qu'un passant m'ait fredonné « ya trop de gens qui t'aime » en me fixant d'un air exalté, un sac plastique voyageant au gré du vent vint se coller contre mes jambes. D'un air dégagé je l'ôtai et le flanquai dans une poubelle en affichant une conscience écologique. Il empestait la frite et le kebab.

Ce soir, sur un sombre parking, le bouton de ma clef ne voulait plus ouvrir ma voiture. Je m'entêtai alors sur la serrure, un peu paniquée qu'elle ne déverrouille pas la porte. Je me rendis enfin compte que ma petite automobile était stationnée une file plus haut. Je dois me rendre à l'évidence, d'autres gens sur cette terre ont le même modèle et la même couleur que la mienne. Encore heureux que le propriétaire ne m'ait pas vu tenter de fractionner sa voiture.

N.B : Se méfier : - des portes automatiques capricieuses

                                 - des sacs plastiques aériens

                                 - des sosies automobiles