L'ascenseur.

Dans l'ascenseur, je croise chaque jour de nouvelles têtes, celles de ceux qui occupent les autres suites de la Cité U. Le matin, c'est un peu à celui qui cocotera le plus, remplissant mes narines de leur parfum fraichement vaporisé. Certains répondent à peine bonjour, ce qui m'agace au plus haut point. Tandis que d'autres m'abreuvent de gentils mots. Les femmes de ménage et les hommes d'entretien aiment me faire la causette. On me conseil de bien me couvrir car « il fait pas chaud ce matin ».

Parfois on s'étonne que j'habite si haut. Tiens, il y a donc des gens au onzième, « tu dois avoir une super vue ». Eh bien, je vois le onzième étage de l'immeuble d'en face.

Quand le silence est roi, on s'épie du coin de l'œil attendant patiemment notre destination.

Un gars chante du Marc Lavoine, les écouteurs pendus à ses oreilles. Il a un petit duvet au dessus de la lèvre et un bonnet enfoncé jusqu'aux sourcils. Je ris dans mes moustaches.

Le vendredi, une fashion victime commente l'étroitesse de ma valise. Mon placard est pourtant plein à craquer. Je bredouille une réponse en essayant de dissimuler une gueule de bois abominable après un jeudi soir abusif.

Quand on entre dans le vieux monte-charge, les effluves qui s'en dégagent nous renseignent sur les usagers précédents. Une fille au parfum fruité, des amis ramenant une pizza, un type à l'hygiène douteuse, une femme de ménage et ses produits désinfectants.

Et quand j'emprunte seule l'ascenseur défraichi, on m'a laissé de la lecture. Des gribouillis, des drapeaux bretons et des appels à une Bretagne indépendante.

Comments

[Thendhasnoend]

Un article très bien écrit, et si vrai.. !