Cette assemblée qui m'effraie

Les mains moites et le cœur battant, c'est d'un pas mal assuré que je me dirige vers le lieu du supplice. Plus d'une trentaine de paires d'yeux sont braqués sur moi. Je me sens nue. Ces regards vont pouvoir me scruter, m'observer sous toutes les coutures, se balader sur mon anatomie, s'arrêter sur les détails qui ont retenu leur attention, me jauger. Me jauger et me juger, voilà ce que fera ce public vorace, avide d'exhaler ses critiques sur la pauvre petite chose sans défense qui se dresse devant eux.

Allez, on se lance, c'est le moment de commencer. La gorge serrée, je lutte pour rester digne et formuler des propos cohérents, clairs et audibles. Les joues rosées, la température corporelle s'élève. La voix tremble de plus en plus, la respiration est haletante.

Je suis ridicule. Voilà ce qui me vient à l'esprit. Je vais me rasseoir à la fin de ma prestation, déçue une fois de plus d'avoir laissé filer entre mes mains ma confiance en moi et mon charisme qui, lorsque je répète seule, ne cesse d'éblouir mon miroir. Tant pis, on essaiera encore une fois, à la prochaine présentation orale, de se comporter comme une personne normale et d'anéantir une bonne fois pour toute cette angoisse du passage à l'oral. Pourvu qu'elle ne ressurgisse jamais.