Mes amis du jour (en manque cruel d'inspiration pour un titre accrocheur)

Ce soir, à la sortie des cours, des petits bonhommes rouges attendaient encore les étudiants harassés  par une dure journée de labeur, alors enclins à se laisser captiver par leur discours chargé d'humanité mais se terminant toujours par la négociation d'une somme d'argent.

Plus loin, sur mon maintenant célèbre chemin du retour, les mêmes. Et cette fois-ci, inévitables. Un souriant jeune homme m'apostrophe. Paniquée à l'idée d'être pris dans son guet-apens, je lui signale que j'ai croisé ses collègues sur le campus. Étonné, il me rétorque qu'il ne doit pas s'agir de la même association. Mais je suis déjà à quelques mètres de lui, il me souhaite alors une bonne soirée d'un ton aimable.

Non, je ne lui ai pas sorti la réponse préfabriquée et minable de mon billet de mercredi dernier. Mais je regrette de ne pas m'être arrêtée à l'écouter et d'avoir pris du temps pour discuter avec lui. Tout en résistant, si ma conscience ne me l'interdisait pas, de lui verser une partie de mon maigre revenu. Car finalement, je ne me suis jamais vraiment arrêtée et intéressée à ce qu'ils avaient à dire.

La prochaine fois, c'est décidé, je les écouterais volontiers.

Et puis aujourd'hui, j'ai aussi vu le SDF à l'air guilleret. Débitant toujours en boucle « allez on profite de la vie, c'est bientôt Noël, on profite ». Je riais dans mes moustaches. Et commençais ma journée avec le sourire. Pour toutes ces fois où je me marre quand je l'entend, je lui dois bien un bon repas.